« The rise of West End: London, the Season and Metropolitan Shopping » – Dr Hannah Greig (University of York) et  Pr Amanda Vickery (Queen Mary, University of London) – Apparences et sociabilités dans un long XVIIIe siècle

Publié le 9 mai 2022

09 mai 2022 - 17 h 00 min - 19 h 00 min


La cinquième séance du webinaire Apparences et Sociabilités aura lieu le lundi 9 mai 2022 de 17h à 19h (heure de Paris). 

Les séances sont ouvertes à tout le monde, mais il faut s’inscrire ! 

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Dr Hannah Greig (University of York) et  Pr Amanda Vickery (Queen Mary, University of London)
The rise of West End: London, the Season and Metropolitan Shopping

Abstract

The history of consumerism has been driven by the desires of the middling. Aristocratic tastes shine in a different discipline – the history of decorative art. This lecture bridges these two fields, charting the explosion of London’s West End and examining its commercial geography. It looks at the season, locations and timetable of elite shopping and recovers aristocratic consumers’ long-term relationships (often across multiple generations) with particular purveyors and businesses. The development of the West End as a centre for luxury trades has been accepted as an unproblematic part of eighteenth-century urbanisation. To contemporaries, however, the West End was a brand new town, celebrated by many as the acme of Georgian modernity. Its origins lay in patrician politics not bourgeois spending, created in direct response to the emergence of a new political timetable after 1689. For the first time, political families made London their seasonal home, clustered in a small segment of the capital. Purveyors of fashionable goods targeted elite traffic between visits, court and parliament. Gun shops, wine merchants and hatters opened next to the clubs and townhouses of leading ministers. Shopping on the way to parliament and to court became routine – the streets, squares and parks of St James’s a fashion runway. The reopening of parliament demanded the return of the courtiers, peers and their wives to the West End, whose arrival and exhibitionism launched the new fashion season.

The history of London commerce often refers to the ‘drift’ westwards as trades moved from the city and the area around Covent Garden and the Strand and set up shop on Piccadilly, Oxford Street, Bond Street and Pall Mall. But shopkeepers were not rudderless ships floating on a tide, their movement west represented a strategic decision to establish themselves exactly where the elite congregated for the political season. The possibility of aristocratic clients dropping into the shop on their perambulations around St James’s and Westminster – and the fact that the quality expected to the visited at home – increased the viability of a West End base. Proximity to fashion leaders spared tradesmen the long trek from the City, enabled them to make a series of home visits in a day and kept their stock close at hand. Historians are apt to stress the lure of the season, fashionable entertainment and shopping on consumers, especially female consumers, but this analysis puts the cart before the horse. Rather than being drawn to London by the glitter of shops, entertainment and fashion, the peerage and parliamentary classes came for parliament – and the new culture was built around them. The London of the political classes was tiny, centred on a few streets, but its scope was vast. The material provinces of the British Atlantic world (the English regions, Wales, Scotland, Ireland, the North American colonies and the West Indies) all looked to London’s West End as their metropolis of taste.

Hannah Greig is a Reader in eighteenth-century history at the University of York. Her book The Beau Monde: Fashionable Society in Georgian London (OUP, 2013) examined the emergence and power of eighteenth-century London’s fashionable world. She is currently working on a new Leverhulme-funded project on the material culture of the royal court (which includes a study of royal warrant holders in London) and a collaborative project with Amanda Vickery on the rise of the West End. Vickery and Greig’s first work from this collaboration is an article ‘The Political Day in Georgian London’ published in Past and Present in 2021.

Amanda Vickery is a prize-winning historian, writer and broadcaster.  She is Professor of Early Modern History at Queen Mary, University of London.  Her books include Behind Closed Doors: At Home in Georgian England (Yale, 2010), Women, Privilege and Power: British Politics 1750 to the Present (Stanford, 2001), Gender, Taste and Material Culture in Britain and North America (Yale, 2006) & The Gentleman’s Daughter:  Women’s Lives in Georgian England (Yale, 1998) which won the Wolfson, the Whitfield and the Longman-History Today Prize. She holds an honorary doctorate from the University of Uppsala.  She has held visiting professorships in Munich, at Stanford, and at the California Institute of Technology and the Huntington Library.

 

Séminaire Apparences et sociabilités dans un long XVIIIe siècle

L’objectif de ce projet international est de donner corps aux sociabilités dans un long XVIIIe siècle (mi XVII-mi XIX siècle).

Il a été initié à l’automne 2020 dans des circonstances propices : l’adhésion conjointe des laboratoires Tempora (Rennes 2) et Larca (CNRS UMR 8225, Université de Paris) membres du GIS Acorso au GIS Sociabilités, la participation d’Aurélie Chatenet-Calyste au groupe de recherche sur les sociabilités au sein du GIP-CRCV du château de Versailles ainsi qu’au projet international « Shopping in 18th Europe », tandis qu’ Ariane Fennetaux, qui collabore déjà avec le centre for global history de l’université de Warwick (membre aussi des deux même GIS), porte plusieurs projets sur les circulations matérielles à l’ère de la première mondialisation (au sein du projet « Global Matters »).

Le projet est donc résolument international et entend faire travailler ensemble, et pour la première fois, des spécialistes internationaux des sociabilités et des chercheurs européens spécialisés dans le domaine des apparences.

Comment les sociabilités sont-elles vécues, appréhendées corporellement ? En quoi les apparences ­entendues comme « une forme de communication non verbale » (I. Paresys) qui participe à la construction de l’identité d’un individu­ permettent d’affirmer son appartenance sociale et d’ancrer une personne dans un espace, un réseau de sociabilités au moment où les échanges s’intensifient et s’élargissent.

Le site web : https://embodiedsociabilities.wordpress.com/

S’inscrire à la liste de diffusion : http://eepurl.com/hPPz1D

 

Prochaine séance

  • 13 Juin : Litterature, corps et sociabilités
    Pr Florence Magnot (Université de Rennes 2) et Anna Rolland (Université de Rennes 2)

Inscription

Déchiffrage et lexique des « façons » : l’activité herméneutique de la rencontre chez Robert Challe.

Cette intervention au carrefour des problématiques de l’apparence et de la sociabilité propose une analyse du lexique des « façons » chez Robert Challe, écrivain du tout début du XVIIIe siècle particulièrement sensible aux changements et aux nuances des mœurs. Les « façons » seront étudiées dans le texte comme un langage social du corps, du maintien, de la physionomie, du visage, « habitus » qui, associé à un certain degré maîtrise du langage verbal, permet aux personnages des Illustres Françaises de déchiffrer les êtres qu’ils rencontrent et de les analyser, quasiment en un seul coup d’œil. Si l’existence et l’intensité de cette herméneutique sociale ont été bien explorées déjà par la critique, qui multiplie les notations relevant de l’infra-verbal et des signes faibles, avec la manière dont le Journal de Voyage aborde la rencontre dans le genre du récit de voyage. L’apport de cette étude sera de tenter d’en analyser la formulation et le lexique : dans un roman (considéré comme un jalon de l’histoire de la mimésis romanesque) comme les Illustres Françaises, comment se formule l’évaluation des manières et des façons de l’inconnu.e rencontré.e et l’ajustement, l’adaptation des manières et des façons de celui qui raconte la rencontre ? Au-delà de l’analyse lexicale, ce jeu d’ajustement des manières sera un point d’observation des valeurs partagées et de leur éventuelle évolution ou critique.

Florence Magnot-Ogilvy est professeure de littérature française du XVIIIe siècle à l’université Rennes 2 et membre du CELLAM (Centre d’étude des littératures et langues anciennes et modernes). Elle est spécialiste du genre romanesque (La parole de l’autre dans le roman-mémoires 1720-1770, Peeters, 2004) et de l’étude des rapports entre le discours économique et la fiction (Le roman et les échanges au XVIIIe siècle : pertes et profits dans la fiction des Lumières, Classiques Garnier, 2020).

 

 

“Complaisance”, apparences et sociabilités dans le théâtre de Molière

La communication consistera à étudier les évocations de la « complaisance » qui traversent le théâtre de Molière et à analyser comment cette notion complexe, qui permet chez le dramaturge d’évoquer, entre autres, le jeu de la sociabilité mondaine et celui de la séduction amoureuse dans un cadre mondain, peut également être reliée à la question des apparences.

Cette notion me semble fondamentale dans le théâtre de Molière, notamment à partir de 1666 : on trouve en effet dans Le Misanthrope onze occurrences de « complaisance » et de ses dérivés, apparaissant dans des scènes particulièrement importantes de la pièce : conflit amical matriciel entre Philinte, défenseur, quand il est question de sociabilité et d’honnêteté, d’une

« vertu traitable », d’un idéal du juste milieu, et Alceste, pourfendeur de la « vaste complaisance » d’un cœur mondain ; conflit esthétique au sujet d’un sonnet mondain (il est impensable, selon Alceste, de louer les « sottises » d’Oronte ; Philinte, en le faisant, devient un « vil complaisant ») ; conflit amoureux (Alceste reproche à Célimène, qu’il aime, sa « complaisance » trop « étendue » à l’égard des marquis qui l’entourent – thématique du faux espoir suscité par la dame qu’on retrouve d’ailleurs aussi dans le sonnet d’Oronte : « Vous eûtes de la complaisance / Mais vous en deviez moins avoir… »).

Cette notion peut s’articuler à la question des apparences : il s’agira pour moi d’étudier les évocations du paraître, de la façon de se présenter au monde, qui entourent celles de la « complaisance » et sont intrinsèquement liées aux questions de sociabilité. Cette articulation est particulièrement explicite dans L’Avare (1669), où Valère s’exprime en ces termes, au sujet du père d’Élise : « Vous voyez comme je m’y prends, et les adroites complaisances qu’il m’a fallu mettre en usage pour m’introduire à son service ; sous quel masque de sympathie et de rapports de sentiments je me déguise pour lui plaire, et quel personnage je joue tous les jours avec lui, afin d’acquérir sa tendresse. »

Si la métaphore du jeu et du déguisement rend ici l’articulation de la complaisance, de la sociabilité et des apparences particulièrement éclatante, il s’agira aussi, plus largement, d’analyser cette association lorsqu’elle se fait, chez Molière, plus discrète, moins évidente.

Anna Rolland est agrégée de Lettres modernes et doctorante contractuelle à l’Université Rennes 2. Après avoir travaillé sur la poésie du XIXe siècle et plus particulièrement sur les figurations du lecteur dans Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire, elle a enseigné trois ans en lycée général et technologique et prépare, depuis septembre 2020, une thèse, sous la direction de François Trémolières (Université Rennes 2) et d’Anne Régent-Susini (Université Paris-III Sorbonne-Nouvelle). Ses recherches sont consacrées aux évocations de la « complaisance » dans plusieurs champs littéraires et sociaux au XVIIe siècle (préciosité, comédie, littérature morale).

 

 

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