« Variations » – séminaire de recherche en traduction littéraire – Séance d’introduction et atelier de traduction sur un extrait de Theories of Forgetting de Lance Olsen, texte présenté par Anne-Laure Tissut (Université de Rouen, ERIAC,  en délégation CNRS au LARCA)

Publié le 8 février 2024

08 février 2024 - 17 h 00 min - 19 h 00 min


« Collectif Variation »

Séminaire-Atelier de traduction littéraire

 Proposé par Antoine Cazé, Anne-Laure Tissut et Emmanuelle Delanoë-Brun

 

Ce nouveau séminaire-atelier au sein de l’axe FLT se propose de réfléchir à la double question de la variation et du collectif en traduction.

Quiconque a pratiqué la traduction sait combien il s’agit d’une entreprise collective, à rebours de l’image du traducteur/auteur à sa table de travail. Fruit de la rencontre entre un texte et des langues, la traduction est au moins duale dès l’origine. Mais surtout, en offrant au traducteur la possibilité de dire dans sa traduction « presque la même chose » que ce qu’exprime l’original, pour reprendre la belle formule d’Umberto Eco, l’acte de traduire invite à la multiplicité. Celle-ci se manifeste sous la forme de la variation, qui s’inscrit précisément dans le registre du « presque » : comme dans son acceptation musicale, la variation redit, sous des contours et des atours changeants, l’obsession d’un « thème », cherchant à faire entendre en filigrane, presque en fantôme, l’original à mesure qu’elle en déploie les harmoniques et en parcourt les possibles dans ses langues. Pourtant, pour que le traducteur – cet expert en variation si habile au camouflage – accomplisse son œuvre, un choix doit finalement venir arrêter la déclinaison potentiellement infinie des variantes. Pour autant, le choix ne saurait être final, il ne peut être qu’une des possibles survies de l’œuvre, une de ses « vies continuées » (Fortleben) selon le mot de Walter Benjamin dans « La tâche du traducteur », dont le déploiement infini, à travers les langues et les temps, assure à l’œuvre son statut.

Partant de ce lieu commun de la traduction selon lequel il existe autant de traductions qu’il y a de traducteurs, ce séminaire voudrait explorer les potentialités de la traduction collective en littérature, afin de mieux comprendre les enjeux linguistiques, esthétiques, historiques, voire politiques et juridiques, de cette pratique centrale des groupes humains. Comment les variations/variantes s’articulent-elles en traduction ? Comment la singularité du choix s’accomplit-elle à partir du jeu entre les variations collectives ? Quels enrichissements le collectif traductif permet-il par rapport à la pratique solitaire, et quelles transformations induit-il ? Quelle éthique traductive est engagée par une pratique collective de la traduction ?

Ces questions se posent avec d’autant plus d’acuité à l’heure où l’intelligence artificielle prend un ascendant considérable sur les pratiques de la traduction, dont elle bouleverse déjà les métiers. Fondée sur la collecte de données dont l’Internet permet l’apparente mise en commun, l’IA interroge la frontière entre pensée individuelle et communauté, jusques et y compris sur des questions fondamentales de propriété intellectuelle. Un collectif situé de traducteurs humains offre-t-il la possibilité d’un dialogue avec les processus de collecte de données, rassemblées par la seule raison statistique, qui ne tournerait pas à la confrontation entre auteur identifiable et texte sans sujet ?

Ce séminaire-atelier alternera des séances théoriques (séminaire) et des séances de pratique collective (ateliers) sur des textes préparés en amont par les participants.

Programme février-juin 2024 :

  • Jeudi 8 février 2024 : Séance d’introduction et atelier de traduction sur un extrait de Theories of Forgetting de Lance Olsen, texte présenté par Anne-Laure Tissut (Université de Rouen, ERIAC,  en délégation CNRS au LARCA).
  • Mercredi 24 avril 2024 : Abigail Lang (Université Paris Cité, LARCA) « Traduction collective et poésie américaine : des séminaires à Royaumont (1983-2000) aux collectifs des écoles d’art ».
  • Jeudi 13 juin 2024 : Antoine Cazé (Université Paris Cité, LARCA) : « Variantes et variations Emily Dickinson en traductions ».

 

Les séances ont lieu de 17h à 19h, Bâtiment Olympe de Gouges, salle 317. Elles sont accessibles en mode hybride :

https://u-paris.zoom.us/j/88149183564?pwd=SEYxdWhhYzdveU5Gc0hXdWlUSUxDZz09

ID de réunion: 881 4918 3564

Code secret: 382707