Entre revalorisation raciale et colorisme: conceptions ambivalentes de la noirceur en Guadeloupe et en Jamaïque – Ary Gordien – Séminaire commun du Larca

Publié le 12 mars 2020

12 mars 2020 - 12 h 30 min - 14 h 00 min


En Guadeloupe et en Jamaïque, les mouvements anticolonialistes et antiracistes ont durablement diffusé une politique de revalorisation culturelle et raciale noire ou africaine, notamment par le biais des nationalismes anticolonialistes et de l’afrocentrisme. Aujourd’hui, la dissémination de ces théories et de ces discours va de pair avec celle de pratiques corporelles et spirituelles (redynamisation de danses et musiques dites traditionnelles et invention de pratiques spirituelles).

Au moins depuis le XIXe siècle, ces formes d’auto-identifications positives incarnent la dimension culturelle, la fois idéelle et très matérielle, de la lutte pour l’égalité raciale puis pour la décolonisation. Leur objectif est de flétrir définitivement les conceptions racistes colonialistes qui théorisent l’infériorité biologique et culturelle des Noirs.

Les principaux concernés, qui ont souvent intégré ces stéréotypes, représentaient la principale cible de cette politique de revalorisation. Toutefois, aujourd’hui encore en Guadeloupe et en Jamaïque, malgré le succès grandissant de discours et de pratiques allant dans le sens d’un empowerment, des représentations dénigrantes des cultures et des types physiques noirs continuent de se transmettre au sein de la population majoritaire d’ascendance africaine.

Cette intervention cherche à saisir les modalités et les raisons de la cohabitation d’idées a priori contradictoires. Je me fonderai pour cela sur les données tirées de mon travail de thèse consacré au nationalisme, à la race et à l’ethnicité en Guadeloupe ainsi qu’à la recherche postdoctorale que j’ai réalisée en Jamaïque au sein du projet Repairs (Réparation, compensation et indemnité au titre de l’esclavage, Afrique-Europe-Amériques XIXe-XXIe siècles) de l’Agence Nationale de la Recherche.

Je comparerai à la fois les politiques de revalorisation raciale et leur diffusion et les manifestations du colorisme, à savoir les distinctions pratiquées entre Noirs sur la base de la teinte plus ou moins foncées de l’épiderme et la valorisation du versant le plus clair du continuum des couleurs.

Ary Gordien est chargé de recherche au Larca.

Lieu :

Salle 830
Campus Paris Diderot,
bât. Olympe de Gouges,
Place Paul Ricoeur
75013 Paris