CFP – Pratiques photographiques institutionnelles dans la production, la gestion et les usages des espaces publics (XIX-XXIème siècle) – Journée d’étude à l’Université Paris Cité, 9 décembre 2022

Publié le 5 juillet 2022

(English below)

Cette journée d’étude explorera les pratiques photographiques d’institutions dont l’action s’inscrit visiblement dans l’espace bâti. Cette action peut consister en une intervention directe dans l’aménagement du territoire (par exemple, la construction de gares) ; en une activité de construction et de gestion patrimoniale de grande ampleur rendue nécessaire par les missions de telle ou telle institution (par exemple, les bureaux de poste, qui dépendaient du ministère des PTT avec une direction dédiée à la gestion immobilière) ; ou, plus simplement, en l’occupation de bâtiments dédiés et clairement identifiés pour ses activités. Cette action, qui se manifeste concrètement et de manière visible dans l’espace par des constructions, doit aussi répondre à certaines exigences de communication de l’action publique, y compris par la production de supports visuels. Au croisement de ces deux principes de visibilité, dans l’espace et sous forme d’images, on s’intéressera aux corpus iconographiques et aux pratiques visuelles qui sont liés aux activités d’institutions qui construisent, gèrent ou utilisent des bâtiments. Centrer l’étude sur les institutions dans le temps long de leurs activités et la diversité de leurs missions permettra d’élargir la focale par rapport à la commande architecturale, en la recontextualisant plus largement. L’attention portée aux institutions (par contraste avec les agences d’architecture par exemple) permettra soit de se focaliser de manière diachronique sur un maillon du système institutionnel allant de la construction à la gestion des bâtiments, soit d’observer de manière synchronique une continuité d’action.

Pour éclairer ces corpus et pratiques, on s’attachera à :

la diversité des espaces, qu’ils soient construits par ou pour des institutions, ou plus simplement occupés par ces dernières. S’intéresser aux usages, plutôt qu’à la seule construction, incite aussi à porter une attention particulière aux images des intérieurs, ainsi qu’à la question des échelles — du grand ensemble de logement social au guichet de service public, et du lieu de vie au bureau.

la diversité des pratiques visuelles, en s’attachant, comme pour les bâtiments, à la production mais aussi à la conservation et à l’usage des images. La pluralité de ces pratiques est aussi liée à la diversité des fonctions qui peuvent être accordée à la photographie. Cette dernière peut être considérée comme argument d’un discours ou objet de référence, elle peut servir à une communication interne ou externe, s’adresser à des professionnels ou à un public plus large… En plus des formes variées que prend la diffusion des photographies, il y a lieu d’étudier le degré de maîtrise que les institutions exercent sur les supports ou espaces dans lesquels ces images sont imprimées ou exposées.

la diversité des producteurs et productrices des images. Il peut s’agir de photographes indépendant·e·s ou de studios, de photographes salarié·e·s voire fonctionnaires, et même d’employé·e·s qui ponctuellement jouent le rôle de photographes. L’étude des photographies des institutions pose souvent la question de l’anonymat de ces productions visuelles, dans leur conservation ou dans leurs usages publiés, en lien avec des discours imprimés eux-mêmes peu liés à la notion d’auteur. La notion de « photographie grise », qui fait écho à celle, mieux établie, de « littérature grise », a d’ailleurs pu être utilisée pour qualifier des corpus photographiques qui documentaient de vastes programmes de reconstruction urbaine[1]. Au-delà de la diversité des producteurs, il faut penser à une variété des acteurs de l’image, depuis la commande jusqu’aux usages ultérieurs, allant de la communication aux usages patrimoniaux, en passant par les cas d’institutions qui se retrouvent agences d’images… Et de même que la ville est un lieu d’interaction entre des acteurs divers (institutions publiques, acteurs privés, acteurs au contact du privé et du public, associations, organisations militantes…), on s’intéressera à des jeux d’acteurs dans le champ visuel. On pourra aussi penser aux acteurs dans l’image, et à la place, voire au rôle qu’y jouent les agent·e·s de l’institution mais aussi les usager·e·s. En effet, une vision décloisonnée du rapport entre espaces et images institutionnels doit prendre en compte la pratique des lieux par les usager·e·s, et les conditions de visibilité de cette pratique. Cet enjeu recouvre la question des figures humaines, celle de la pose, celle des destinataires des images, mais aussi celle des concurrences ou coexistences entre des images institutionnelles et des images extra- ou anti-institutionnelles.

des temporalités complexes au croisement de la vie des bâtiments, de la vie des images, de la vie des hommes et des femmes, et de la vie des institutions. La construction, la rénovation, la réhabilitation avec changement d’affectation, la démolition des bâtiments, ou plus simplement leur vieillissement… Tous ces moments et processus temporels dans la vie des bâtiments peuvent être mis en rapport avec des phases d’intensité dans la vie des images, que ce soit dans leur production — qui s’inscrit typiquement dans les temps de la construction, des rénovations et réaménagement, et de la destruction des bâtiments — ou que ce soit dans l’emploi ou le réemploi de ces images, voire leur redécouverte. On pourra en particulier s’interroger sur le devenir de certaines collections photographiques au moment où les institutions redéfinissent leur inscription dans l’espace urbain et leurs missions. En effet, aux parallèles et relations entre programme architectural et programme iconographique correspondent des relations entre patrimoine bâti et patrimoine d’images.

Sans restrictions d’espaces géographiques ni de champs disciplinaires, les communications pourront porter sur des articulations de programmes institutionnels, spatiaux et visuels sur une période identifiée à la pratique photographique, allant du 19ème au 21ème siècle. Les communications, d’une durée de 25 minutes, pourront se faire en français ou en anglais. Une publication pourra être envisagée.

 

Les propositions de communication (400 à 500 mots), assorties d’une notice biographique, devront être envoyées avant le 20 septembre 2022 aux organisatrices :

 

 

Institutional photographic practices in the production, management and uses of public spaces (XIX-XXI century)

Study day at Université Paris Cité, December 9, 2022

 

This study day will explore the photographic practices of institutions whose action is visibly inscribed in built space. This institutional action may consist in direct intervention in spatial planning (for example, the construction of railway stations), in a large-scale building activity that is necessary to fulfilling a certain mission (for example, post offices built and managed by a national postal system), or more simply in the occupation of buildings that are dedicated to a given institution’s activities and clearly identified. This action, which manifests itself concretely and visibly in space through constructions, must also meet the communication requirements of public action, including through the production of visual materials. At the intersection of these two principles of visibility, in space and in the form of images, we will study the iconographic corpuses and visual practices that are linked to the activities of institutions that construct, manage, or use buildings. Centering the study on institutions, considered in the extended timeframe of their diverse missions, involves looking beyond architectural commissioning. The attention given to institutions (in contrast with architectural agencies, for example) will make it possible either to focus diachronically on a link in the institutional system that goes from construction to building management, or to observe synchronically a continuity of action.

In order to shed light on these photographic practices and objects, the following dimensions may be considered:

The diversity of spaces, whether they are built by or for institutions, or more simply occupied by them. Taking an interest in uses, rather than in construction alone, also involves paying particular attention to images of interiors, as well as to the question of scale — from the large-scale housing project to the small counter of public service bureaucracy, and from the dwelling to the office.

The diversity of visual practices, consisting, just like in the case of buildings, not just in the production but also in the keeping and using of images. This diversity of practices is also linked to the variety of functions that can be given to the photograph. A photographic document may be used as an argument in a discourse or as an object of reference, it may be involved in internal or external communication, it may be addressed to professionals or to a wider public… Beyond the various forms in which photographs can be circulated, consideration should also be given to the varying degree of control that institutions exert over the space or media where their images are exhibited or reproduced.

The diversity of the image producers, who may be freelance or studio photographers, salaried photographers (sometimes civil servants), or even employees who occasionally act as photographers. The study of institutional photographs often raises the question of the anonymity of such visual productions, in their conservation or in their published uses, in connection with printed discourses that themselves have a weak relationship to the notion of an individual author. The notion of “grey photography,” echoing that of “grey literature,” has been used to describe photographic collections documenting vast urban reconstruction programs[1]. Beyond the diversity of producers, one should think of a diversity of actors in the life of images, from their commissioning to their subsequent uses ranging from communication to heritage uses — including cases of institutions that find themselves playing the role of image agencies. Just as the city is a field of interaction between various actors (public institutions, private actors, actors in contact with the private and public, non-profits, militant groups…), photographic productions and uses must be envisaged as a visual field involving complex relationships between diverse actors. Actors in the images should also be considered, and the roles played within them by institutional agents but also by the users and clients of the institution. Indeed, a decompartmentalized vision of the relationship between institutional spaces and images must take into account the spatial practices of users, and the conditions of visibility of such practice. Taking ordinary users into account involves the question of human figures, of the pose, of the implied audience of the images, but also of the competition or coexistence between institutional images and extra- or anti-institutional images.

– Complex temporalities, at the intersection of the life of buildings, the life of images, the life of men and women, and the life of institutions. The construction of buildings, their renovation, their rehabilitation with changed use, their demolition or more simply their ageing… All these moments and temporal processes in the life of buildings can be related to phases of intensity in the life of images, be it in their production, which is typically inscribed in the periods of intentional physical changes in buildings from construction through demolition, or be it in the use or reuse of these images, or even their rediscovery. Of particular interest is the question of the future of certain photographic collections, at a time when institutions are redefining their place in the urban built environment and their missions. Indeed, the parallels and relationships between architectural and iconographic programs are matched by the relationships between architectural and iconographic assets and heritage.

Without restrictions of geographical spaces or disciplinary fields, we welcome papers addressing articulations of institutional, spatial, and visual programs over a period identified with photographic practice, from the 19th to the 21st century. Papers will be 25 minutes in length and may be presented in French or English. This study day may lead to a publication.

[1] Raphaële Bertho, “Didier MOUCHEL, Danièle VOLDMAN, Photographies à l’œuvre. Enquêtes et chantiers de la reconstruction 1945-1958,” Études photographiques [Online]. URL : http://journals.openedition.org/ etudesphotographiques/3298

 

Proposals (400 to 500 words) should be sent along with a short biographical notice by September 20, 2022 to the organisers: