William Godwin (1756-1836) est connu d’abord et avant tout comme un « jacobin anglais », auteur de l’anarchisante Enquiry Concerning Political Justice (1793) et du roman jacobin Caleb Williams (1794). Il est toutefois également l’auteur d’essais sur l’éducation et la pédagogie – publiés dans The Enquirer (1797) – et de livres pour enfants (entre 1802 et 1822). De 1805 à 1825, il est même propriétaire d’une librairie et maison d’édition, la Juvenile Library, pour laquelle il rédige 9 ouvrages allant du recueil de fables à l’histoire de la Grèce antique. Je propose dans cette communication de revenir sur ces textes trop souvent vus comme mineurs, l’œuvre d’un auteur dans le besoin, détachés de l’action d’un Godwin qui disparaît graduellement du paysage politique à partir de la fin des années 1790. En remettant ces ouvrages dans le contexte de sa pensée politique, de l’offre de livres pour enfants de l’époque et des débats de la fin du XVIIIè et du début du XIXè siècle concernant notamment l’éducation, la moralité, la religion et l’histoire, je montre qu’au contraire, Godwin cherche à poursuivre ses efforts de réforme politique à travers ces livres. Il s’attaque aux fondements de l’éducation des classes moyennes britanniques, afin de contribuer à la formation d’une nouvelle génération qui engagerait la marche vers le progrès social et politique.
John-Erik Hansson est Maître de Conférences en histoire britannique à l’Université de Paris et membre du LARCA.