Guillaume Marche est accueilli en délégation au Larca cette année.

Quel est votre parcours ?

J’ai suivi un parcours classique d’études anglophones (licence, maitrise et agrégation d’anglais), puis je me suis orienté vers un DEA de sociologie avant de revenir aux études anglophones pour mon doctorat. J’ai soutenu ma thèse en 2000, sur la politisation des identités privées dans le mouvement LGBTQ aux États-Unis, et mon habilitation à diriger des recherches en 2013, sur la place de la dissidence et de la subjectivité dans les mobilisations collectives aux États-Unis. J’ai enseigné dans le secondaire pendant 5 ans en France et à l’étranger (Vienne et Montréal) avant d’exercer à l’université de Poitiers, puis à Paris-Est Créteil depuis 2001, d’abord comme maitre de conférences et, depuis 2014, comme professeur de civilisation des États-Unis.
J’assure principalement des cours de civilisation des États-Unis de la 1ère année de licence au master, ainsi que des séminaires doctoraux, et je donne aussi ponctuellement des cours de version et des enseignements transversaux de 1ère année (projet professionnel, expression française).

Sur quoi ont porté vos recherches jusqu’ici ?

Mes recherches portent principalement sur les mouvements sociaux contemporains aux États-Unis, en particulier le mouvement LGBTQ, sur les identités sexuelles, la subjectivité et le rapport entre le culturel et le politique. Je me suis particulièrement intéressé aux formes culturelles, voire informelles de mobilisation, et au lien entre la désexualisation progressive du mouvement LGBTQ depuis les années 1990 et la démobilisation de sa base.
C’est ce que j’explore dans mon livre La militance LGBT aux États-Unis. Sexualité et subjectivité (Presses Universitaires de Lyon, 2017), où j’analyse aussi des formes dissidentes d’activisme LGBTQ qui laissent une plus large part à la sexualité et à la subjectivité. Je travaille également sur les formes infrapolitiques d’intervention dans les espaces publics à San Francisco (graffitis, murs peints, végétalisation, théâtralité LGBTQ, nudité), ainsi que sur l’usage des autobiographies et des mémoires de militant∙es LGBTQ dans la sociologie des mouvements sociaux, et les défis théoriques et méthodologiques que cela représente.

Quel projets souhaitez-vous mener durant votre accueil en délégation ?

Le projet de recherche pour lequel je suis accueilli en délégation porte sur les formes infrapolitiques d’intervention dans les espaces publics à San Francisco. Je souhaite étudier dans quelle mesure les graffitis, les murs peints, la végétalisation urbaine, les théâtralité queers, ou la nudité en public peuvent représenter des formes de résistance à la gentrification, à la privatisation des espaces publics et à la « revitalisation » néolibérale, qui prévalent à San Francisco depuis une vingtaine d’année.
Je voudrais voir aussi dans quelle mesure elles peuvent accompagner, voire légitimer cet agenda néolibéral, que ce soit de manière intentionnelle, consciente ou fortuite. L’objectif est de publier une monographie sur le San Francisco qui conteste à l’aide d’un répertoire d’action ne ressortissant pas tout à fait au politique. Je m’intéresse tout particulièrement au lien entre des finalités politiques dissidentes et des formes d’intervention souvent considérées comme triviales, dévalorisées ou disqualifiées. Pour cela, je suis attentif à ce qui se passe au seuil du politique.

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