Le projet EyCon (Early Conflict Photography and Visual AI) regroupe des spécialistes d’horizons variés pour produire des recherches innovantes à la jonction de l’informatique,des études archivistiques et de l’histoire. Il répond au constat que la numérisation de fonds photographiques par les institutions patrimoniales a souvent été réalisée en silos séparés les uns des autres, ce qui rend difficile l’exploitation de ces ensembles par les spécialistes et le grand public.

Cela soulève en particulier la question des utilisations publiques de l’histoire dès lors lorsqu’il s’agit d’aborder des passés contestés, à l’instar des conflits armés.

Le manque de corrélation des fonds participe à renforcer des notions profondément ancrées d’exceptionnalisme national en France, en Grande-Bretagne et dans d’autres États ayant une histoire d’interventionnisme et d’expansionnisme international. En s’appuyant sur des technologies avancées telles que l’intelligence artificielle, EyCon a pour objectif de relier, d’analyser et de commenter ces fonds afin de faciliter leur découverte ainsi que de mettre à disposition un matériau visuel négligé et éparpillé sur les conflits armés coloniaux, impériaux et internationaux des années 1890 à 1918. Le projet permettra de rendre des documents numérisés et inédits plus accessibles à un large éventail d’utilisateurs.

L’objectif central d’EyCon est d’explorer des solutions computationnelles pour augmenter les possibilités de visualisation, de navigation et d’analyse de grands corpus visuels. Ce faisant, le projet aborde très concrètement les questions éthiques et épistémologiques soulevées par l’application d’outils de l’intelligence artificielle à des passés controversés.

Le projet EyCon est mené par Lise Jaillant (Université de Loughborough, Royaume-Uni) et Julien Schuh (Université Paris Nanterre) soutenus par le Labex Passés dans le Présent et l’Arts and Humanities Research Council, ainsi que par Daniel Foliard (LARCA) dans le cadre de sa chaire Idex-Université de Paris

EyCon a deux objectifs spécifiques :

1 – L’agrégation de données au sein d’une collection thématique sur la photographie de conflits, avec un intérêt particulier pour les théâtres non européens. Des scripts d’extraction d’images seront utilisés pour enrichir la base de données avec des photogravures provenant des publications illustrées déjà numérisées. La collection sera interopérable et cohérente avec le cadre IIIF.

2 – Le développement de solutions d’intelligence artificielle pour augmenter les possibilités de l’enquête historique et enrichir automatiquement les données d’un grand corpus visuel de photographies historiques EyCon’s vise à fournir aux chercheurs et autres utilisateurs une plateforme de démonstration en ligne permettant d’appliquer les outils de la vision à distance à sa base de données visuelle.

L’équipe du projet utilisera et développera des outils reposant sur la computation et l’intelligence artificielle :

● Pour comparer et rechercher les similitudes entre les images
● Pour optimiser la visualisation d’un grand corpus visuel grâce à l’intégration d’images, à la modélisation thématique et au regroupement
● Pour isoler des tropes photographiques, des sous-genres ainsi que les “anomalies” significatives dans la collection visuelle
● Pour réentraîner les ensembles de données existants sur des photographies anciennes

Les journées Photosensible

L’équipe du projet EyCon, le Musée du Quai Branly Jacques Chirac, le Labex Passés dans le Présent, l’AHRC et l’université de Paris Cité ont organisé des ateliers (pour spécialistes) suivis d’une conférence ouverte au public les 9 et10 juin 2022 autour des photographies sensibles et de leurs recirculations contemporaines.

L’utilisation des photographies de la souffrance humaine a attiré une attention considérable de la part des chercheurs au cours des dernières décennies. De Susan Sontag à Susie Linfield et Susan Crane, plusieurs ouvrages majeurs ont abordé la question des usages potentiellement abusifs des « images traumatiques ». L’utilisation, la reproduction et le traitement des photographies sensibles dans le cadre de la recherche historique, de leur mise en archive, de l’enseignement et de la sensibilisation du public soulèvent en effet plusieurs questions.

En savoir plus…

Le carnet Hypothèse du projet :

Home/Accueil

L’équipe

  • Lise Jaillant (PI) – Résumé français et anglais pour annonce officielle/site internet LABEX-LARCA
  • Julien Schuh (Co-PI) – Maître de conférences à l’Université Paris Nanterre Membre Junior de l’Institut Universitaire de France (2015) Projet Modèles et outils d’apprentissage profond :
    https://modoap.huma-num.fr/ Projet Boîte à Outils d’Intelligence Artificielle :
    https://baoia.huma-num.fr/
  • Daniel Foliard (Co-PI) – Daniel Foliard est professeur des Universités (Université de Paris, LARCA, CNRS). Il travaille sur l’empire britannique (19e-première moitié du 20e siècle) dans une perspective trans-impériale et globale en portant une attention particulière sur les archives visuelles. Ses deux monographies, Dislocating the Orient: British Maps and the Making of the Middle East, 1854-1921 (Chicago: Chicago University Press, 2017) et The Violence of Colonial Photography (Manchester: Manchester University Press, 2022) portent respectivement sur la cartographie et la photographie.
  • Marina Giardinetti (Ingénieure de Recherche) –

Les partenaires du projet

Institutions universitaires

  • Loughborough University
  • Labex Passés dans le Présent
  • Université de Paris
    • LARCA UMR 8225
    • LIPADE

Institutions patrimoniales